top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurAurélie bourmaki

Les 14 lois naturelles de l’apprentissage


Avez-vous lu l’article sur mes dix vérités dans l’éducation?



Nous, adultes, avons passé un temps fou à essayer d’apprendre des tas d'informations censées nous servir pour avoir de bonnes notes, faire de bonnes études et avoir un bon travail.

Un minimum d’une quinzaine d'années, à retenir bon gré, mal gré une tonne de connaissances.

Et pour quel résultat ? Que nous reste-t-il de ces quinze années d’apprentissage ?

Combien de leçons apprises, immédiatement oubliées après l’examen ?


Apprendre est une activité consistant à s'approprier des savoirs, des connaissances ou des compétences pour pouvoir ensuite les réutiliser dans d'autres cadres que celui de leur apprentissage.

Plus encore, l’apprentissage résulte d’un décalage entre nos prédictions langagières, sociales et physiques, et la réalité.

Sans prédictions, pas d’apprentissage.

Il est évident, qu’aujourd’hui, à la lumière des dernières avancées neuroscientifiques, nous devons et nous pouvons améliorer les conditions d’apprentissage pour nos enfants.

Dans son livre Les lois naturelles de l’enfant, Céline Alvarez se penche sur les conditions nécessaires à un apprentissage efficace et durable pour nos enfants.


Je vous propose ici un résumé de son travail.




Les 14 lois naturelles de l’apprentissage.



Apprendre par ses expériences actives

Pour apprendre, l’être humain a besoin d’être engagé activement et attentif pour faire des prédictions et ajuster ses connaissances.

C’est valable autant théoriquement que pratiquement.



L’indispensable guidance de l’autre

Des études montrent la difficulté des enfants à appréhender des concepts entièrement nouveaux par eux-mêmes.

Le cerveau d’un enfant est une machine puissante, certes, mais il a besoin d’une autre personne pour se mettre en route.

L’enfant retient mieux une information si l’adulte s’approche à sa hauteur, le regarde dans les yeux ou pointe du doigt près de l’enfant, c’est l’étayage individualisé.

La présence physique d’une personne est donc indispensable pour une transmission de qualité.

Ce qui confirme l'inefficacité éducative des logiciels et programmes télévisés pour les enfants.

Notre façon d’apprendre est avant tout sociale.



L’indispensable mélange des âges

Il existe une posture pédagogique naturelle entre enfants, qui permet la multiplication des étayages individualisés favorisant la transmission.

Cette posture pédagogique est aidée par la fascination des plus jeunes pour les plus âgés qui en retirent beaucoup de bénéfices en consolidant leurs connaissances à travers la transmission.

Les plus grands apprennent à être clairs, patients, flexibles et empathiques. Ils développent plus de créativité et de bienveillance.

Dans la vraie vie, le mélange des âges est naturel et inhérent.



La motivation endogène

La curiosité et l’intérêt pour un sujet augmentent les capacités de mémoire.

La motivation endogène vient de l’intérieur de soi, c’est la passion, l’enthousiasme, apprendre sans autre but que le plaisir. C’est une condition impérative à la mémorisation sur le long terme.

La motivation exogène vient de l’extérieur, dans un but externe (une bonne note contre les dernières baskets à la mode). Elle conduit à une mauvaise mémoire sur le long terme.

Les enfants s'intéressent à toute la culture si elle est présentée de manière concrète, globale et attrayante et se spécialisent dans ce qui les passionne vraiment.

Et c’est une chance pour une plus grande diversité des savoirs.



L’importance de l’erreur

Un individu apprend uniquement lorsqu’un événement contredit ses prédictions.

C’est un passage obligatoire et constituant de l’apprentissage.

N’ayant plus peur de se tromper, l'enfant développe une personnalité unique forte stable confiante et créative.

Éviter l’erreur freine le processus d’apprentissage.

Donc l’erreur ne doit pas être punie, ni le manque d’erreur apprécié positivement.

L'erreur est neutre !

L’erreur est un retour d’information qui indique qu’une prédiction doit être réajustée.

Ne pas faire d’erreur mène à l’ennui et à la comparaison.

Mais l’erreur sanctionnée mène à l’ennui, à la frustration, à l'auto dépréciation qui mène, elle, à la colère.



La richesse du monde réel

La principale mission de l'enfant est d'étudier le monde réel, de le comprendre, d’en devenir spécialiste.

Inutile de créer un environnement hyper stimulant, le monde extérieur suffit.

Inutile de développer leur capacité motrice et de coordination par des exercices didactiques poussés, se confronter à la nature est bien plus efficace (grimper aux arbres, sauter des rochers).

Les enfants se confrontant à ces exercices ont de meilleures capacités motrices et savent mieux adapter la prise de risque à leurs capacités.

L’enfant a besoin d’un environnement naturel vivant et dynamique.



Renouer avec la nature

Il est indispensable que le jeune être humain puisse grandir en comprenant, sensoriellement et intuitivement, les grandes lois de notre planète, pour qu' une fois adulte, il sache vivre en utilisant ses ressources naturelles de manière respectueuse et durable.

L’enfant devrait savoir semer, récolter et cuisiner, des 7 ans.

Il faut renaturaliser les lieux d’éducation. Les faire cohabiter et prendre soin des animaux. Le cerveau humain ne peut pas comprendre ce qu’il ne vit pas : aucune description, aucune image ne peut remplacer la leçon sensorielle, grandiose et vivante offerte par la nature.

De nombreuses études indiquent aujourd’hui très clairement que le contact avec la nature calme, galvanise et revivifie les esprits.

Il adoucit les organismes acidifiés par les stress sociaux ou environnementaux, développe les capacités motrices, cognitives, stabilise l’humeur, régule les émotions négatives et favorise même le développement de la créativité.



Un environnement riche, mais pas surchargé

La richesse est différente de trop plein.

La qualité des activités vaut mieux que la quantité.

La sur stimulation est tout aussi délétère que la sous stimulation. Elle surcharge les neurones et provoque un grand stress.

Si le cerveau s’habitue à la sur stimulation, l’attention peine à se focaliser.

Les vies trop remplies (trop d’activités extra-scolaires, trop de décorations dans la chambre, trop de vêtements, trop de jouets) perturbent le système d’attention des enfants. Un environnement épuré, des activités libres, du temps de rêverie font disparaître les troubles de l’attention chez 68 % des enfants hyperactifs et augmentent les aptitudes cognitives et scolaires de 37 % (meilleur score que sous traitement médical).



Prendre le temps de ne rien faire et de rêvasser

En rêvassant, notre cerveau continue d’être actif , il rejoue, analyse et déduit. Il trie.

On appelle ça le mode par défaut. Le mode par défaut est nécessaire pour être productif, pour le bon fonctionnement cérébral. C’est sa façon d’encoder l’information.

Il faut respecter chez l’enfant sa nécessité de ne « rien faire ».



L’importance du sommeil

Dès la naissance il y a de nombreuses connexions codant les expériences et le vécu du bébé. Un tri et une réorganisation neuronale sont nécessaires pour apprendre et mémoriser.

L’essentiel de cette réorganisation semble se faire pendant le sommeil.

Si l’enfant peut dormir après un apprentissage, au réveil, ses connaissances sont consolidées. L’inverse est aussi vrai.

Les enfants qui ne montrent pas de signes de fatigue n’ont pas besoin de sommeil pour leur réorganisation neuronale, en revanche, ceux qui en montrent les signes doivent pouvoir dormir.

Le sommeil est un élément pleinement inhérent au mécanisme d’apprentissage. Quand l’enfant est fatigué, plus aucune information ne peut s’encoder.

Le sommeil ainsi que le temps de sommeil des enfants doivent être impérativement respectés.

C’est une phase de maturation cérébrale absolument essentielle.

Les enfants présentant des troubles de l’attention et de l’apprentissage peuvent atteindre les mêmes performances d’apprentissage que les autres simplement en augmentant la qualité (se coucher tôt, sans écran au préalable) de leur sommeil.



L’enfant retient ce qui fait sens

Le cerveau filtre ce qu’il consolide, il laisse de côté ce qui ne fait pas sens pour lui.

Par exemple, les enfants retiennent mieux le son des lettres que leur nom.

Ce qui est logique car le son permet la lecture mais leur nom n’a aucun intérêt réel. Un enfant met trois ans de maternelle à retenir 26 noms de lettres mais il met une seule semaine à apprendre 30 prénoms.

Il lui manque le sens, l'intérêt, la profondeur.

Ce n’est pas apprendre qui épuise l’enfant, c’est d’effectuer des tâches qui ne sont pas dignes de son intelligence.

Le cerveau humain est merveilleux, il cherche le sens, la vie, l’intelligence et la profondeur.

Il est câblé pour retenir du beau, du grandiose, du vivant, du dynamique et de l’inspirant.



L’importance du jeu libre

Il est aujourd’hui très clair que le jeu libre entre enfants ( se rouler par terre, courir ensemble, chahuter) favorise un bon développement cérébral.

Le jeu serait, chez les mammifères, un moyen physiologique favorisant le développement cérébral et l’équilibrage émotionnel chez les petits.

Il est important de proposer un espace, si possible à l’extérieur, où les enfants puissent avoir ces temps de jeux libres, sans aucune directive de l’adulte.

Il est important que les enfants puissent faire des pauses en profitant de l’air libre et d’une lumière naturelle pour le bon équilibre de leurs métabolismes.



La toxicité du stress

Le stress est très sain et très utile. Il nous a permis de survivre dans les situations de dangers : face à un animal féroce, notre cerveau et notre corps nous préparent physiquement (pression artérielle, adrénaline).

Cette mobilisation nous permet de fuir ou de passer à l’attaque.

Le stress, quand il est de courte durée, nous rend plus habile et permet à l’organisme d’être plus performant.

Mais aujourd’hui le stress est causé par l’environnement urbain, la pression sociale etc. Face à ces facteurs, la fuite ou l’attaque ne sont pas du tout adaptés.

Et nous, plutôt que de fuir, nous utilisons notre capacité à prendre de la distance, nous dédramatisons et nous trouvons des solutions. Cette prise de recul fait redescendre le taux d’hormones du stress et notre organisme s’apaise.

Nous, adultes, pouvons nous calmer de cette manière car notre cortex préfrontal( qui abrite les capacités à analyser, prendre du recul, dédramatiser, prendre des décisions, faire preuve d’empathie, raisonner) est mature.

Chez l’enfant en revanche, ce n’est pas le cas et ne le sera pas complètement jusqu’à ses 25 ans. Quand l’enfant est stressé, son cerveau sécrète les hormones mais ne peut pas se calmer seul.

Ses émotions s’amplifient, le submerge, on appelle cela des tempêtes émotionnelles. Dans ces conditions, les hormones du stress sont sécrétées en continu et sans régulation : le stress devient toxique, détruisant des neurones au sein de ses structure cérébrales importantes, encore immatures. L’hippocampe, zone de la mémoire, est l’une des premières régions affectées : un enfant traversant de manières prolongées des situations stressantes peut ainsi manifester des troubles de la mémoire.

Le stress affecte directement les capacités d’apprentissage.

Les dommages enclenchent un cercle vicieux, plus l’enfant subit de stress, plus la maturation de son cortex préfrontal est ralenti et plus il a des difficultés à gérer son stress. Une fois adultes, ses capacités d’autorégulation émotionnelle risquent d’en être affectées.



La bienveillance

Le lien social positif entre les êtres, l’empathie, les comportements altruistes et généreux favorisent le développement de nouveaux neurones et augmentent les connexions synaptiques.

Ceci est vrai tant chez celui qui donne le comportement que chez celui qui le reçoit.

Pour augmenter les capacités d’apprentissage : aimez les enfants !

Notre bienveillance génère chez l’enfant un développement de ses capacités morales et empathiques. Elle déclenche la venue d’ocytocine, qui améliore notre empathie, l’attachement, le lien et la confiance.

Elle enclenche aussi la libération d’une cascade de molécules bienfaisantes : la dopamine pour l’enthousiasme, la sérotonine pour la stabilité de l’humeur, les endorphines pour le sentiment de bien-être.

La bienveillance n’est donc pas une option pédagogique. Il s’agit d’un véritable catalyseur d’épanouissement.



Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à lire ce merveilleux livre de Céline Alvarez : Les lois naturelles de l’enfant.


Et en attendant, n’oublions pas ! Pour favoriser un apprentissage de qualité et durable, privilégions une transmission chaleureuse et bienveillante dans un environnement riche et diversifié relié à la nature et au monde vivant. Laissons nos enfants jouer, dormir, échanger et rêvasser quand ils en ont besoin.


C'est important pour moi de partager avec vous ces quatorze lois, car elles enrichissent ma compréhension de l’humain et de l'enfance.

J’ai l’intuition que plus nous comprendrons l'enfant, plus nous pourrons cheminer vers une société plus juste et plus paisible.

Ma découverte la plus inspirante est le besoin de rêvasser, activité que je ne m’autorise que très rarement.

Savoir que c’est un besoin impérieux pour apprendre, m'aide à me déculpabiliser de ne rien faire et d’être dans la contemplation plus souvent.


Et vous, quelle est la lois qui vous parle le plus ?




“Ce que les enfants savent est toujours potentiellement prêt à être remis en question.”

Alison Gopnik



34 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
Post: Blog2_Post
bottom of page