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Photo du rédacteurAurélie bourmaki

Pourquoi consoler n’est pas empathique ?


Avez-vous lu l’article sur mes dix vérités dans l’éducation?





Une rupture,

Les pleurs, la tristesse, la lassitude.

Et voilà que votre entourage s’obstine à essayer de vous remonter le moral en vous consolant, « mais non, faut pas pleurer, c’est qu’un(e) crétin(e), tu verras ça va aller, dans quelques temps tu n’y penseras plus » « regarde, on est là nous, et puis tu es jeune, tu en trouveras un(e) autre ».


Terriblement frustrant, non ?


Ce dont vous avez vraiment besoin à ce moment-là, ce n’est pas d’être consolé(e), c’est d’être compris(e) et entendu(e), vous avez besoin qu’on reconnaisse l’existence et la légitimité de vos émotions du moment.


Consoler : « chut, ne pleure pas, ça va aller » revient à nier les sentiments et émotions de l’autre.

Quand on console l’autre, on veut surtout qu’il se sente mieux et donc qu’il arrête d’être aussi malheureux. Du coup, on nie sa réalité du moment.

Implicitement le message est : tu ne dois pas ressentir ce que tu ressens.

Chez un enfant qui pleure, nous faisant passer le message qu’il a eu mal ou peur, le consoler va souvent produire l’effet contraire à l’objectif premier : qu’il se sente mieux et qu’il arrête de pleurer.

D’ailleurs, c’est peut-être parce que nous sommes souvent mal à l’aise face à la douleur ou à l’émotion qui nous fait face et que nous ne savons pas gérer, que nous avons tendance à minimiser ou à faire taire l’enfant (ou l’adulte aussi).

Sentant que le message n’est pas passé, il redouble parfois d’intensité.

Il tombe, pleure, on lui répond “tout va bien” et il finit par hurler encore plus fort, comme pour nous dire “Si ! J’ai mal”.


Petite précision :

Il est évident que nous voulons le meilleur pour nos proches, on souhaite qu’ils aillent mieux, ou qu’ils comprennent pourquoi ils ne vont pas bien.


Maria Montessori nous explique qu’un enfant cherche constamment la confirmation de ce qu’il vit auprès de l’adulte, si nous le nions, nous brouillons ses signaux et sa capacité à identifier ce qu’il vit ou le traverse.

Consoler fait partie des douze façons de ne pas être empathique que l’on aborde en Communication Non-Violente (CNV).


En CNV, nous apprenons que faire preuve d’empathie ce n’est pas :


-Consoler, rassurer

« Ne t’inquiète pas , ça va aller »


-Dramatiser

« C’est vraiment horrible et affreux ce que tu vis »


-Surenchérir, minimiser

« En plus en plein dans votre déménagement, c’est pas la moment »

« C’est juste une rupture, personne n’est mort »


-Analyser, diagnostiquer

«À mon avis, c’est une rupture dû à un manque de communication »


-Conseiller, faire l’expert

« Tu devrais, te mettre sous la couette, manger de la glace et regarder un bon navet »


-Enquêter, investiguer

« Tu l'avais sentie arriver ? » , « Ca s’est passé comment ? »


-Ramener à soi, parler de soi

«Moi aussi quand j’ai rompu, j’ai … »


-Sympathiser

«C’est clair, tu as vraiment raison»


-Faire preuve d’empathie pour le tiers absent

«Il devait avoir ses raisons d’être parti», «le pauvre il doit être malheureux lui aussi»


-Moraliser

«Tu vois je te l’avais dit, faut jamais sortir avec une personne sur internet»


-Eviter, divertir

«Et sinon raconte moi, comment vont tes parents », «et si, on regardait un film pour se changer les idées ?»


-Nier

«Mais non ce n’est rien, tu fais du cinéma»


Et pour l’enfant, de la même façon, ce sera nier ses sentiments que de lui dire :

«mais non ça fait pas peur», «ne pleure pas, je suis là», «non tu n’as pas mal je t’ai vu c’est juste un petit bobo de rien du tout», «dans cinq minutes tout ira bien».

Toutes ces petites phrases nient complètement son ressenti et ses émotions.

De façon implicite, le message qui peut passer est : ton émotion n’est pas justifiée.

C’est en partie la raison de toutes ces injonctions (sois fort, sois parfait, sois heureux) acquises dans l’enfance et qui nous posent bien des problèmes dans la construction de notre personnalité et dans nos comportements et communications avec les autres.


Oui, mais alors comment faire autrement ? C'était l’objet d’un précédent article, et si vous ne l’avez pas déjà lu, je vous invite à aller découvrir : l’écoute active. au service de vos relations.


Pour faire preuve d’empathie avec nos enfants et les aider aux mieux à affronter ce qu’ils traversent, évitons de consoler, dramatiser, surenchérir, analyser, conseiller, enquêter, ramener à soi, sympathiser, faire preuve d’empathie pour le tiers absent, moraliser, divertir et s’appitoyer.


Ce que j’utilise le plus c’est “enquêter” car je suis très curieuse, malgré des années de pratique, il m’est encore difficile de ne pas poser un tas de questions.

Et vous?

Quel est celui que vous utilisez le plus?


“La communication non violente, ce sont le langage et les interactions qui renforcent notre aptitude à donner avec bienveillance et à inspirer aux autres le désir d'en faire autant.”

Marshall B. Rosenberg



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